Pour trouver une solution approchée du problème ou , nous allons construire une approximation par différences finies de l'équation de la chaleur (1.1).
Pour cela, le domaine de calcul est divisé en intervalles, chacun de longueur . Pour calculer la solution sur un temps , on découpe l'intervalle avec un pas . On calcul alors la solution approchée sur un maillage où chaque point d'indice est repéré sur l'axe par sa position et sur l'axe par comme le montre la figure 1.4
La solution approchée aux noeuds du maillage sera notée:
Pour approximer l'équation (1.1), nous allons chercher une approximation de la dérivée première en temps et de la dérivée seconde en espace
L'idée de base de la méthode des différences finies peut être décrite en partant de la définition de la dérivée première au point et à l'instant :
Si la fonction est régulière, on peut construire, à partir de cette relation (1.23), une approximation “raisonnable” de si est suffisamment petit.
Pour préciser cette approximation, nous utiliserons le développement
en série de Taylor de
autour du point
à l'ordre m:
où est un point dans l'intervalle . Le dernier terme de ce développement peut être identifié à un reste d'ordre . En utilisant ce développement à l'ordre , nous pouvons en déduire l'approximation par différences finies de la dérivée première:
Dans le second membre de cette équation, on retrouve l'approximation par différences finies (1.24) plus un terme qui représente l'erreur liée à cette approximation, que l'on appelle erreur de troncature ( ). En passant à une notation nous pouvons écrire :
que l'on notera:
On obtiens ainsi une approximation de la dérivée première par différences finies à l'ordre 1:
L'erreur d'approximation de la dérivée première par la formule de différences finies (1.29) est une approximation d'ordre 1 en , ce qu'indique la notation . Cette notation implique que pour .
Remarque : La notation ne nous indique pas le comportement exact de la solution (la dérivée première dans ce cas), mais seulement la tendance lorsque
D'autres représentations de la dérivée première peuvent être obtenues à partir de développements en série de Taylor. C'est ce que nous étudierons dans le chapitre suivant.
Pour calculer l'approximation de la dérivée seconde, nous allons utiliser deux développements en série de Taylor de au voisinage de :
que l'on note aussi:
ce qui fournit l'approximation de la dérivée seconde par différences finies à l'ordre 2:
En remplaçant dans l'équation (1.1), la dérivée première en temps par son approximation par différences finies (1.29) et la dérivée seconde en espace par son approximation par différences finies (1.33), on obtient le schéma aux différences finies explicite:
|
qui s'écrit:
en notant
La relation (1.35) permet de calculer explicitement la solution au temps en fonction de la solution au temps aux noeuds du maillage, sauf pour les 2 noeuds extrémités et . Pour ces deux noeuds, on utilise les conditions aux limites de :
Nous pouvons des à présent effectuer une simulation numérique en utilisant un tableur de type Excel. Pour cela on utilise un tableau de 5 colonnes et de 10 lignes, dont les cases sont repérées par des lettres pour les colonnes et des chiffres pour les lignes:
A1 | B1 | C1 | D1 | E1
A2 |
Le principe d'un tableur est de permettre des calculs en utilisant des relations entre les cases voisines qui, lorsque l'on les duplique ,sont automatiquement décalées (notation relative).
On choisit les paramètres du problème et on discrétise le domaine en intervalles. La valeur du paramètre est choisie égale à .
Sur la première ligne du tableur (A1-E1), on rentre les coordonnées des points de maillage, et sur la deuxième ligne la condition initiale dans la colonne A avec la formule A2=sin(PI()*A1) , que l'on duplique dans les colonnes C à E. Sur la troisième ligne on calcule la solution au premier pas en temps en utilisant la formule déduite du schéma différences finies (1.35): B3=B2+0,2*(A2-2*B2+C2) pour la colonne B que l'on duplique dans les colonnes C à D. Pour les colonnes A et E on applique les conditions aux limites: A3=0 et E3=0 . Pour obtenir la solution aux pas en temps suivant, on duplique simplement les formules de la ligne 3 dans les lignes suivantes.
Le résultat des formules utilisées dans ce tableur est donnée dans le tableau ci-dessous:
0 | 1/4 | 1/2 | 3/4 | 1
sin(PI()*A1) |
On obtient ainsi un tableau de valeurs qui fournit par ligne la solution numérique aux différents pas en temps. Le tableau (1.1) donne la valeur numérique de la solution calculée avec sur pas en temps.
Pour comparaison, on a donné la valeur de la solution exacte aux mêmes points de maillage et aux mêmes instants dans le tableau (1.2). En comparant les valeurs des deux tableaux, on constate que la solution par différences finies approxime bien la solution exacte (précision de 2 chiffres après la virgule).
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Par contre, si on refait le même calcul, mais avec une valeur de plus grande, par exemple on obtient le résultat donné dans le tableau (1.3).
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On constate que pour cette valeur de , la solution numérique diverge avec des valeurs de plus en plus grandes. De ces essais numériques, on peut en déduire que pour les petites valeurs de , la solution numérique converge vers la solution exacte, mais que pour les grandes valeurs de la solution numérique diverge.
Cette approche expérimentale est démonstrative et empirique. Une approche systèmatique consiste à faire une analyse numérique des schémas aux différences finies pour connaître à priori les conditions de convergence et les propriétés de la solution numérique.