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2.6 Convergence

Ayant construit une équation discréte \bgroup\color{black}$ \mathcal{L}^{h}(u^{h})=f^{h}$\egroup , il faut ensuite s'assurer que la solution approchée \bgroup\color{black}$ u^{h}$\egroup converge vers la solution exacte \bgroup\color{black}$ u_{ex}$\egroup lorsque les paramètres de discrétisations \bgroup\color{black}$ h$\egroup (pas en temps \bgroup\color{black}$ \Delta t$\egroup , pas en espace \bgroup\color{black}$ \Delta x$\egroup ) tendent vers zéro indépendamment!

\bgroup\color{black}$\displaystyle \lim_{h\rightarrow0}\left\Vert u-u^{h}\right\Vert =0$\egroup

L'étude directe de l'erreur \bgroup\color{black}$ u-u^{h}$\egroup peut être très compliqué et pas toujours possible. On va donc étudier d'autres propriétés de la discrétisation, qui vont permettre de conclure plus facilement.

2.6.1 consistance

La consistance caractérise la façon dont l'équation aux différences finies EDF ( \bgroup\color{black}$ \mathcal{L}^{h}(u^{h})-f^{h}$\egroup ) approche l'équation aux dérivées partielles EDP ( \bgroup\color{black}$ \mathcal{L}(u)-f$\egroup ).

consistance
un schéma aux différences finies est consistant à l'équation exacte si l'EDF tends vers l'EDP lorsque les pas de discrétisation $ h$ (pas en espace et en temps) tendent vers zéro indépendamment.
Pour formaliser cette approche, notons \bgroup\color{black}$ u_{ex}$\egroup la solution exacte de l'EDP, i.e \bgroup\color{black}$ u_{ex}$\egroup vérifie l'équation exacte: \bgroup\color{black}$ \mathcal{L}[u_{ex}]-f=0$\egroup , et \bgroup\color{black}$ u^{h}$\egroup la solution de l'EDF, i.e. \bgroup\color{black}$ u^{h}$\egroup vérifie exactement l'équation discréte: \bgroup\color{black}$ \mathcal{L}^{h}(u)-f^{h}=0$\egroup . Nous allons calculer la différence \bgroup\color{black}$ E_{t}$\egroup , appelée erreur de troncature, entre l'EDP et l'EDF aux noeuds du maillage et pour la solution exacte \bgroup\color{black}$ u_{ex}$\egroup :

\bgroup\color{black}$\displaystyle E_{t}=\mathcal{L}^{h}[u_{ex}(i\Delta x)]-f^{h}-\mathcal{L}[u_{ex}]_{(i\Delta x)}-f_{(i\Delta x)}$\egroup

ce qui donne, compte tenu du fait que \bgroup\color{black}$ \mathcal{L}[u_{ex}]-f=0$\egroup et que \bgroup\color{black}$ f^{h}=f(i\Delta x)$\egroup (la valeur de \bgroup\color{black}$ f^{h}$\egroup est la valeur nodale du second membre \bgroup\color{black}$ f$\egroup )

\bgroup\color{black}$\displaystyle E_{t}=\mathcal{L}^{h}[u_{ex}(i\Delta x)]-f^{h}$\egroup

Cette différence est l'erreur de troncature du schéma aux différences finies, et corresponds donc à l'erreur commise lorsque l'on remplace la solution approchée \bgroup\color{black}$ u^{h}$\egroup par la solution exacte \bgroup\color{black}$ u_{ex}$\egroup aux noeuds du maillage \bgroup\color{black}$ x_{i}=x_{0}+i\Delta x$\egroup dans l'équation aux différences EDF.

consistance:
le schéma EDF est dit consistant à l'équation EDP si cette erreur de troncature tends vers zéro lorsque les pas de discrétisation $ h$ (pas en temps $ \Delta t$ et le pas en espace $ \Delta x$ ) tendent vers zéro indépendamment.

$\displaystyle \lim_{h\rightarrow0}E_{t}=\mathcal{L}^{h}[u_{ex}(i\Delta x)]-f^{h}=0$

Pour calculer cette erreur de troncature, on développe la solution exacte \bgroup\color{black}$ u_{ex}$\egroup en série de Taylor autour de sa valeur aux noeuds, et on l'exprime en fonction des pas de discrétisation \bgroup\color{black}$ h$\egroup . Le schéma est alors consistant si cette erreur se comporte comme \bgroup\color{black}$ h^{n}$\egroup (avec \bgroup\color{black}$ n\ge1$\egroup ). Cette erreur de tronacture nous fournit aussi la précision du schéma.

ordre de précision:
on dit que le schéma différences finies est d'ordre $ n$ en $ h$

$\displaystyle E_{t}\approx Ch^{n}   $avec $\displaystyle   n\ge1$

Si le schéma dépend de plusieurs paramêtres (pas en temps \bgroup\color{black}$ \Delta t$\egroup et pas en espace \bgroup\color{black}$ \Delta x$\egroup ), on exprime bien entendu l'erreur de troncature en fonction de ces paramêtres:

\bgroup\color{black}$\displaystyle E_{t}\approx C_{1}\Delta x^{n_{1}}+C_{2}\Delta t^{n_{2}}$\egroup

La précision est alors d'ordre \bgroup\color{black}$ n_{1}$\egroup en espace et d'ordre \bgroup\color{black}$ n_{2}$\egroup en temps.

2.6.2 stabilité

La notion de stabilité ne s'applique qu'au cas de la discrétisation d'un problème dépendant du temps (problème parabolique ou hyperbolique). Elle s'applique donc à des schèmas, pour lesquels on calcule des solutions de façon itérative. Les calculs s'éffectuent sur des ordinateurs avec une précision finie, et donc sont sujet à des erreurs d'arrondis. Lors d'un calcul itératif, ces erreurs peuvent être amplifiées par le schèma numérique. Le but de l'étude de stabilité est donc de déterminer quelle est l'amplification des erreurs (ou perturbations) par le schèma.

stabilité
un schèma itératif est dit stable, si les perturbations de la solution numérique ne sont pas amplifiées au cours des itérations.

Soit \bgroup\color{black}$ u_{i}^{n}$\egroup la solution à l'étape \bgroup\color{black}$ n$\egroup et \bgroup\color{black}$ u_{i}^{n+1}$\egroup la solution à l'étape \bgroup\color{black}$ n+1$\egroup , l'équation aux différences ( \bgroup\color{black}$ \mathcal{\mathcal{L}}^{h}(u^{h})=f^{h}$\egroup ) s'écrit dans ce cas :

\bgroup\color{black}$\displaystyle \mathcal{L}^{h}(u_{i}^{n+1},u_{i}^{n})=f^{h}$\egroup

Soit \bgroup\color{black}$ \epsilon_{i}^{n}$\egroup une perturbation de la solution à l'étape \bgroup\color{black}$ n$\egroup . La solution perturbée \bgroup\color{black}$ u_{i}^{n+1}+\epsilon_{i}^{n+1}$\egroup à l'étape \bgroup\color{black}$ n+1$\egroup est solution de l'équation aux différences:

\bgroup\color{black}$\displaystyle \mathcal{L}^{h}(u_{i}^{n+1}+\epsilon_{i}^{n+1},u_{i}^{n}+\epsilon_{i}^{n})=f^{h}$\egroup

L'équation sur la perturbation est obtenue en effectuant la différence de ces 2 équations, et si le problème est linéaire, on obtiens l'évolution de la perturbation \bgroup\color{black}$ \epsilon_{i}^{n}$\egroup :

$\displaystyle \mathcal{L}^{h}(\epsilon_{i}^{n+1},\epsilon_{i}^{n})=0$ (2.53)

On décompose cette perturbation en tout point \bgroup\color{black}$ x_{i}=i\Delta x$\egroup du maillage et à tout instant \bgroup\color{black}$ t_{n}$\egroup sous la forme d'une série de modes de Fourier (en notant \bgroup\color{black}$ I=\sqrt{-1}$\egroup ):

$\displaystyle \varepsilon_{i}^{n}=\sum\limits _{m=1}^{\infty}\psi_{m}^{n}e^{I\omega_{m}i\Delta x}$ (2.54)

Le problème étant supposé linéaire, chacun des modes vérifie l'équation (2.53), qui s'écrit pour un mode \bgroup\color{black}$ m$\egroup :

\bgroup\color{black}$\displaystyle \mathcal{L}^{h}(\psi_{m}^{n+1}e^{I\omega_{m}i\Delta x},\psi_{m}^{n}e^{I\omega_{m}i\Delta x})=0$\egroup

De cette équation, il faut calculer le rapport d'amplification de l'amplitude du mode \bgroup\color{black}$ m$\egroup \bgroup\color{black}$ \frac{\psi_{m}^{n+1}}{\psi_{m}^{n}}$\egroup en fonction des paramêtres \bgroup\color{black}$ \Delta t$\egroup et \bgroup\color{black}$ \Delta x$\egroup . Le schéma est dit stable si les perturbations ne sont pas amplifiées.

Il faut donc déterminer à quelles conditions sur les paramêtres \bgroup\color{black}$ \Delta t$\egroup et \bgroup\color{black}$ \Delta x$\egroup ce rapport reste en module inférieure à 1 pour tous les modes (i.e. \bgroup\color{black}$ \forall\omega_{m}$\egroup ).

facteur d'amplification:
le facteur d'amplification $ G$ d'un schéma différences finies itératif est définit par

$\displaystyle G=\left\vert\frac{\psi_{m}^{n+1}}{\psi_{m}^{n}}\right\vert$

stabilité:
un schéma itératif est dit stable (au sens de Von Neumann), si pour tous les modes $ m$ possible de la perturbation, on a :

$\displaystyle G<1    \forall\omega_{m}$

On caractérise alors la stabilité d'un schéma de la façon suivante:

2.6.3 convergence

Attention:
cette étude de convergence ne s'applique qu'à des problèmes linéaires !
On distingue deux cas:

2.6.3.1 schéma itératif en temps

On utilise un résultat d'analyse du à Lax (Richtmyer et Norton 1967):

Théorème de Lax
pour un problème linéaire aux valeurs initiales, la solution numérique d'un schéma itératif en temps aux différences finies converge vers la solution exacte si le schéma est consistant et stable.

La consistance et la stabilité d'un schéma sont en général beaucoup plus facile à étudier que sa convergence.

2.6.3.2 schéma en espace

Dans ce cas, seule la consistance est nécessaire pour assurer la convergence.


Pr. Marc BUFFAT
marc.buffat@univ-lyon1.fr
2008-04-07