Les équations d'Euler forment un système hyperbolique, caractéristique d'un phénomène de propagation. Pour étudier les propriétés de ce système, nous considérerons un écoulement compressible instationnaire 1D isentropique. Le système d'équations s'écrit
avec la relation isentropique
D'après la relation 3.1, on déduit la relation entre
et
:
d'où
En remplaçant dans l'équation de bilan de la masse
on obtient une équation sur et
De même en remplaçant dans l'équation de quantité de mouvement:
on obtient
En additionnant 3.2+3.3 et en soustrayant 3.2-3.3, on obtient les 2 équations caractéristiques:
Posons
et
(invariants
de Riemann), le système s'écrit:
dont l'interprétation est la suivante: soit la famille
de courbes de pente
et
celle de
pente
, les solutions
et
vérifient
Connaissant les courbes caractéristiques, on peut alors en déduire la solution en tout point.
Soit un point quelconque du plan
, il se trouve
à l'intersection de 2 caractéristiques:
issue de
et
issue de
. On a donc:
Connaissant et
on en déduit l'état du fluide en
.
Cette démarche attractive possède cependant un inconvénient majeur:
on ne sait pas en général déterminer les courbes caractéristiques
et
, car elles dépendent de la solution
! Cependant cette approche nous informe sur les propriétés des équations
d'Euler pour un écoulement de gaz:
Considérons un écoulement d'air se déplaçant à la vitesse
dans un milieu initialement au repos, correspondant au champ de vitesse
initial continu:
La répartition de pression et de masse volumique à l'instant initial
est telle que la célérité du son vérifie:
i.e. on a pour un fluide au repos, avec une pression
et une masse volumique
t.q.
,
pour
un fluide en mouvement à la vitesse
(avec
écoulement initial subsonique), avec une pression
et une masse volumique
t.q.
,
et entre
une transition continue en tangente hyperbolique
(rq
).
Avec ces conditions initiales, les invariants de Riemann ont pour valeurs:
D'après ce qui précède, est constant le long des courbes caractéristiques
qui sont issue de l'axe
. Or
est constant
à l'instant initial (i.e. sur l'axe
), donc
doit être constant
dans tout le plan
Pour un point M du plan, on a (voir schéma):
Or d'après la définition de et
on a:
et
,
étant constant dans la plan
et
étant constant le long des courbes
, on en déduit
que
et
sont forcément constants le long des courbes
.
Or les courbes
ont pour pente
, ce sont donc
des droites. La courbe
issue de
est la droite d'équation
. La famille des droites
a pour pente:
Pour , la pente devient constante (
)
et les caractéristiques sont parallèles, et de même pour
(la
pente vaut
). Entre les deux la pente varie continûment
et les courbes caractéristiques
doivent se rejoindre
au bout d'un temps
(intersection des droites issues de
et
Or lorsque des caractéristiques de la même famille se coupent, la solution ne peut plus rester continue, et une discontinuité doit apparaıtre. L'hypothèse d'écoulement isentropique n'est plus vérifiée et on a apparition d'un choc de compression.
Les courbes caractéristiques ont pour équation (avec les notations 3.5):
On a montré que était constant le long de ces caractéristiques,
donc
Connaissant la solution initiale 3.4, on en
déduit la solution
et la solution
On note que (3.5) vérifie:
La solution est donc une onde qui se propage à la vitesse absolue
, c'est à dire à la vitesse
relativement au fluide.
La vitesse de propagation des perturbation par rapport au fluide est
donc bien
, la célérité du son locale. Pour une perturbation
faible
, on retrouve l'approximation de l'acoustique
avec des ondes se propageant avec une célérité constante
.
Cette analyse est confirmée par une résolution numérique des équations d'Euler, dont la solution au cours du temps est tracée ci dessous.
Si on considère une onde de détente, i.e. une perturbation correspondant à un champ de vitesse opposé au précédent:
la perturbation s'évanouit au cours du temps, puisque les courbes caractéristiques divergent (voir figure ci dessous)