On considère un écoulement quasi-1D dans une conduite de section variable. On suppose que la variation de section est suffisamment faible pour que l'écoulement soit uni-dimensionnel avec une vitesse .
On considère le volume de contrôle de la figure ci-dessus, limité par les sections et
Les équations de bilan d'un gaz parfait compressible (voir chapitre 1) intégrées sur le volume de frontière s'écrivent (après utilisation du théorème de la divergence):
On a noté l'énergie totale par unité de volume, et l'enthalpie totale.
A ces équations, on rajoute l'équation d'état des gaz parfaits:
Le volume considéré est égal au premier ordre en x à , donc les intégrales de volume d'une fonction s'écrivent:
Les intégrales de surface d'une fonction se décomposent en intégrale sur les sections débitantes et , et sur la frontière pariétale :
Pour l'équation de bilan de la masse, est nulle sur les frontières pariétales et vaut en et en (la normale est toujours dirigée vers l'extérieur du volume de contrôle). On obtient alors:
soit au premier ordre en x:
Pour l'équation de bilan de quantité de mouvement,
est la composante suivant qui est non nulle sur les frontières pariétales et vaut où est la composante suivant de la normale à la frontière. L'intégrale sur la paroi s'écrit au premier ordre en x:
Sur , vaut et sur vaut , et l'équation de bilan de la quantité de mouvement s'écrit:
ce qui donne au premier ordre en x:
soit:
Enfin l'équation de bilan de l'énergie, qui s'annulle sur les parois et vaut en et en , ce qui donne au final:
soit à l'ordre 1 en x:
Les équations de bilan pour un gaz parfait dans une conduite de section s'écrivent donc:
avec l'équation d'état:
Dans le cas d'un écoulement stationnaire, le système d'équations (3.6-3.8) se simplifie.
L'équation de bilan de la masse 3.6 s'écrit:
i.e. le débit massique (i.e. en kg/s) se conserve .
L'équation de bilan de l'énergie 3.8 s'écrit:
En notant l'enthalpie totale par unité de masse, on obtient:
i.e. l'enthalpie totale par unité de masse se conserve.
Pour l'équation de bilan de la quantité de mouvement 3.7, on obtient (en utilisant 3.6):
ce qui se simplifie
Sous forme différentielle, on peut l'écrire: .
Le système d'équation pour un écoulement permanent en conduite s'écrit
auquel on adjoint l'équation d'état
Dans le cas où l'écoulement ne présente pas de discontinuité (choc), l'écoulement est aussi isentropique (exercice).
En prenant le logarithme de l'équation 3.9 , on obtient:
soit en différenciant:
En utilisant l'équation 3.11 pour remplacer , on a:
En introduisant la célérité du son , et le nombre de Mach local , l'équation précédente s'écrit:
Interprétons cette relation et ces conséquences si on veut accélérer un gaz:
Nous allons maintenant étudier le moyen de générer un écoulement supersonique à l'aide d'une tuyère convergente-divergente, dite tuyère de Laval. Ce dispositif est très utilisé pour étudier expérimentalement les écoulements supersoniques.
On considère un réservoir, contenant un gaz à la pression et à la température , relié à une sortie qui est à une pression et une température par une conduite convergente divergente de section , dont la valeur minimum vaut au col.
Le réservoir est suffisamment grand pour considérer que la vitesse du fluide y est négligeable (). Le fluide est quasiment au repos et donc dans des conditions d'arrêt: pression d'arrêt et température d'arrêt .
En supposant que l'écoulement est stationnaire et isentropique dans la tuyère, les lois de bilan s'écrivent:
Nous allons tout d'abord déterminer les relations entre l'état générateur (conditions d'arrêt) et l'état dans une section quelconque de la conduite (en supposant un écoulement isentropique entre les deux).
La conservation de l'enthalpie totale 3.13 permet d'obtenir une relation entre les températures, en notant que l'enthalpie pour un gaz parfait s'écrit
soit
en introduisant la vitesse du son , la relation et le nombre de Mach local .
En utilisant la relation isentropique , qui s'écrit en fonction de : , on obtiens l'évolution de la masse volumique:
et l'évolution de la pression:
L'évolution de ces quantités est donnée sur la figure ci-dessous:
L'évolution de l'écoulement isentropique à partir de condition d'arrêt correspond donc à une diminution de la température, i.e. à la transformation de l'enthalpie (énergie interne + pression) en énergie cinétique. En effectuant un développement limité en nombre de Mach au voisinage de , on obtient les expressions suivantes:
On constate que les variations relatives à faible nombre de Mach sont proportionnelles à , et sont négligeables pour (moins de ). A température ambiante , un nombre de Mach correspond donc à une vitesse de soit . Cela justifie l'hypothèse d'écoulement incompressible pour des vitesses telles que .
ATTENTION: pour un écoulement incompressible, la masse volumique, la pression et la température sont constantes dans l'équation de bilan de masse et d'énergie (les fluctuations sont négligeables). Par contre dans l'équation de bilan de quantité de mouvement le terme en gradient de pression doit être conservé, car il est du même ordre que le terme d'inertie . Ce sont en effet les fluctuations de pression (dites fluctuations dynamiques) qui génèrent l'écoulement. Par contre ces fluctuations sont négligeables devant la pression totale (pression thermodynamique), ce qui permet de considérer les propriétés thermodynamiques d'un fluide incompressible comme constantes.
Étudions l'évolution de la quantité de mouvement dans la tuyère. Pour cela exprimons en fonction du nombre de Mach , de et de
en remplaçant et en fonction des conditions d'arrêt (3.14, 3.15)
soit
Si la tuyère est adaptée, l'écoulement est sonique au col , et la quantité de mouvement au col est obtenue en faisant dans l'expression précédente
d'où le rapport qui est aussi le rapport des sections d'après la conservation de la masse:
Cette relation permet de définir l'évolution du nombre de Mach en fonction de la section de la tuyère.
On constate que pour une section donnée, on a deux nombres de Mach possibles, un Mach supersonique ou un Mach subsonique. Donc pour une tuyère de Laval adaptée, on a 2 écoulements possibles. En effet dans la partie convergente, l'écoulement est forcément subsonique (puisqu'on part d'un écoulement au repos). Par contre dans la partie divergente, l'écoulement peut être soit subsonique, soit supersonique suivant la valeur de la pression en sortie de tuyère. En effet ayant la valeur du nombre de Mach, la relation 3.15 nous fournit la pression correspondante. Sur la figure ci-dessous on a tracé l'évolution des quantités pour une tuyère parabolique et pour les 2 types d'écoulements possibles.
On constate que si la pression de sortie (en ,i.e. ) vaut l'écoulement reste subsonique dans la tuyère et sonique au col, par contre si la pression vaut , alors l'écoulement est supersonique dans la partie divergente.
Si la pression en sortie est supérieure à , alors l'écoulement n'est plus sonique au col et reste subsonique dans la tuyère.
Si la pression en sortie est comprise entre et , alors l'écoulement n'est plus isentropique et on montrera que dans ce cas un choc se produit dans la tuyère.
Enfin si la pression en sortie est inférieure à , alors en sortie l'écoulement n'est plus isentropique et un choc en sortie apparaıt.