Pour construire une formulation variationnelle discrète à partir de
la formulation (5.6), il faut construire une approximation
de la solution exacte, vérifiant les conditions cinématiques
(conditions de Dirichlet):
et telle que l'on puisse calculer le Lagrangien discret associé à (5.5):
Pour construire cette approximation par éléments finis , on impose les contraintes suivantes:
D'un point de vue mécanique, on cherche une solution approchée
qui fournit une approximation continue du déplacement
et de
l'angle de rotation
(dérivée première de
), et
une approximation par élément (éventuellement discontinue aux noeuds)
du moment fléchissant
(dérivée seconde de
) et de
la résultante de la contrainte de cisaillement
(dérivée troisième
de
).
On construit donc un maillage de correspondant à un découpage
en
éléments:
soient noeuds
.
L'approximation utilise deux degré de liberté par noeuds: pour chaque
noeud de coordonnée
ce sont la valeur nodale de la fonction
et la valeur nodale de la dérivée
.
Cela permet de définir de façon unique l'approximation
, qui
possède donc
degrés de liberté (les valeurs au noeud
sont imposées par la condition aux limites 5.7). Cette
approximation s'écrit comme une combinaison linéaire des valeurs nodales
de la fonction et de sa dérivée.
En notant les fonctions de base associées aux valeurs
nodales de la fonction
et
les fonctions de
base associées aux valeurs nodales de la dérivée
,
on écrit:
Sur un élément
, cette approximation s'écrit:
C'est l'unique polynôme de degré ,
qui vérifie:
C'est un polynôme d'Hermite de degré 3, d'où le nom d'éléments finis hermitiens que l'on donne à cette approximation.
Pour calculer l'approximation sur un élément , on se place
sur l'élément de référence
(comme dans le chapitre précédent)
en effectuant un changement de variable:
Sur cet élément de référence, on détermine les 4 fonctions de forme associées, qui sont les polynômes de Hermite de degré 3:
Ces fonctions de formes ont tracées sur la figure 5.2.
L'approximation sur l'élément de référence s'écrit ( en notant
):
On constate donc que les fonctions bases sont égales aux
fonctions de formes
ou
, mais que les fonctions de
base
sont égales à
ou
,
car la dérivation dans l'élément de référence (i.e. par rapport à
) n'est pas égale à la dérivation physique (i.e. par rapport
à x), et on a la relation:
Sur l'élément les fonctions de base s'écrivent:
Pour calculer le Lagrangien discret
, on décompose
les intégrales en une somme sur tous les éléments du maillage:
Ce Lagrangien contiens une somme de termes quadratiques ,
de termes linéaires
et un terme de bord
. Le terme
correspond à l'énergie élastique de l'élément
,
au travail des forces linéiques appliquées sur l'élément
et le terme de bord
au travail de la force appliquée en
.
D'un point de vue mécanique, nous avons décomposé le système mécanique
(la poutre) en morceaux, puis calculé l'énergie mécanique et
le travail des forces externes sur chaque élément, pour ensuite en
faire la somme.
Sur un élément , l'énergie élastique est calculée en effectuant
le changement de variable (5.9) vers l'élément de référence
et en utilisant l'expression (5.11) de
:
est donc une forme quadratique par rapport aux valeurs nodales
qui
s'écrit:
est une matrice
qui a pour expression:
C'est la matrice de raideur élémentaire. Cette matrice est symétrique,
et on calcule ses coefficients en utilisant la définition des fonctions
de forme (5.10). En utilisant les symétries de ces fonctions
de forme, on ne calcule que 5 coefficients:
et on déduit les autres par symétrie:
Sur un élément , le travail des forces linéiques se calcule
en effectuant le passage vers l'élément de référence:
C'est une forme linéaire en fonction des valeurs nodales ,
qui s'écrit:
est un vecteur de dimension (4), qui a pour expression:
C'est le vecteur des forces élémentaires, qui a pour expression dans
le cas d'une force linéique constante:
le terme de bord se calcule facilement, puisque que la valeur de
en
vaut
. Il vient:
Le Lagrangien discret s'écrit donc:
En notant le vecteur des
valeurs nodales inconnues:
ce Lagrangien s'exprime sous la forme matricielle suivante:
est la matrice de rigidité globale du système obtenue
par assemblage des matrices élémentaires
. Elle est
symétrique et a pour dimension
.
est le
vecteur force global, obtenu par assemblage des vecteurs forces élémentaires
et a pour dimension
. Enfin le dernier terme du Lagrangien correspond
à la contribution des conditions aux limites.
est une forme quadratique symétrique par
rapport aux valeurs nodales
, et la condition de stationnarité
de ce Lagrangien conduit aux
équations de Lagrange:
soit
C'est un système linéaire de équations:
qu'il suffit de résoudre pour obtenir la solution approchée .
Ce système linéaire corresponds aussi à la formulation faible discrète
de l'équation d'équilibre du système.
Dans le cas d'un maillage de avec
éléments
la solution approchée possède donc au total degrés de liberté,correspondant
aux valeurs nodales aux noeuds
et
, les valeurs
en
étant imposées par les conditions aux limites.
De façon à effectuer l'assemblage de la matrice et du
second membre
le plus simplement possible, nous allons tout d'abord
considérer une solution approchée
sans tenir compte des conditions
aux limites, i.e. avec
degrés de liberté:
Le vecteur inconnu s'écrit
La matrice est l'assemblage des 2 matrices élémentaires
et
associées aux 2 éléments du
maillage:
soit en utilisant l'expression (5.12) des matrices élémentaires
avec
De même le second membre est l'assemblage des 2 seconds membres élémentaires
et
:
ce qui donne en utilisant l'expression (5.13) du second membre élémentaire:
Les conditions aux limites du problème sont de 2 types:
La résolution de ce système linéaire fournit le vecteur solution approché:
La solution approchée s'écrit
c'est une fonction continue à dérivée continue et qui est un polynôme de degré 3 sur chaque élément.
La solution exacte de l'équation d'équilibre (5.1) associée aux conditions aux limites (5.2,5.3) est un polynôme de degré 4 qui s'écrit:
On a tracé sur la figure (5.3) la solution exacte
et la solution approchée
, ainsi que la norme de l'erreur
pour la cas
. On constate que dans
ce cas l'approximation par éléments finis du déplacement
est
excellente (les 2 courbes sont indiscernables) et on obtiens la valeur
exacte aux noeuds du maillage. En particulier la méthode éléments
finis prédit la déformation maximum en x=L:
![]() ![]() ![]() |
Sur la figure suivante (5.4), on a comparer les prédictions
par éléments finis de l'angle de rotation, du moment fléchissant et
de la contrainte de cisaillement avec la solution exacte. On constate
une bonne prédiction de l'angle de rotation (dérivée première de )
et une assez bonne prédiction du moment fléchissant (dérivée seconde
de
). Pour le cisaillement ( dérivée troisième de
), l'approximation
par élément finis est constante par élément, alors que la solution
exacte est linéaire. On ne prédit donc qu'une valeur moyenne par élément.
On constate aussi que les conditions aux limites d'encastrement (ou
conditions de Dirichlet) (5.2) sont vérifiées exactement
par la solution approchée, alors que les conditions dynamiques (ou
conditions de Neuman) ne sont vérifiées exactement pas:
En particulier la valeur du cisaillement en correspond à la
valeur moyenne du cisaillement dans le dernier élément puisque: