Nous avons vu que les équations d'Euler régissant l'écoulement adiabatique non visqueux d'un fluide parfait s'écrivent sous la forme
où
est le vecteur d'état, et
le vecteur
flux associé:
où on a noté
l'énergie totale par unité
de masse, et
l'enthalpie
totale par unité de masse.
A ces équations on ajoute l'équation d'état des gaz parfaits:
Dans le cas d'un écoulement uni-dimensionnel, elles s'écrivent:
soit sous forme matricielle:
En introduisant la matrice jacobienne des flux: i.e. la dérivée du
vecteur flux
par rapport
au vecteur d'état
cette équation s'écrit sous la forme quasi-linéaire suivante:
Un calcul formel fournit l'expression de cette Jacobienne
où est la vitesse du fluide (supposée
), et
la célérité du son.
Cette matrice possède 3 valeurs propres réelles
ce qui traduit la présence de 3 courbes caractéristiques le long desquelles se propagent les perturbations.
Ces équations forment donc un système hyperbolique non linéaire. En
notant la matrice des vecteurs propres à droite
:
la diagonalisation de s'écrit:
où est la matrice diagonale des vecteurs propres
.
En multipliant l'équation (5.1) par
,
on obtient:
On introduit le changement de variable
et le vecteur
est appelé “variables
caractéristiques”. Le système d'équations transformé est appelé
“équations caractéristiques”:
Dans le cas de petites perturbations, on peut simplifier ce système
en considérant que la matrice est constante ainsi que
les valeurs propres
:
Ce système caractéristique est un système de 3 équations scalaires indépendantes de type advection:
Cette équation traduit le fait que la composante est constante
le long de la droite caractéristique de pente
,
i.e.:
La solution générale de (5.3) est donc une combinaison linéaire
de ces ondes caractéristiques, soit en revenant aux variables d'état
:
Les perturbations de la solution se propagent donc le long de ces directions caractéristiques.
Dans le cas non-linéaire, la matrice n'est plus constante,
et l'analyse précédente n'est plus exacte. On peut cependant la considérer
comme une approximation au premier ordre et en déduire les propriétés
de la solution. Le système hyperbolique (5.1) possède 3 valeurs
propres
, qui dépendent
de la solution
. Associées à ces 3 valeurs propres,
on a des courbes caractéristiques
de pente
qui sont aussi fonctions de la solution
.
Le long de ces caractéristiques se propagent les perturbations de
la solution sous forme d'ondes non-linéaires.
Considérons une perturbation située en à l'instant
. Notons
la vitesse de propagation de la perturbation,
l'état
du fluide à gauche (left) et
l'état à droite (right). La
solution
vérifie les équations d'Euler
En intégrant cette équation sur un domaine
autour
de la perturbation, on obtient l'équation:
D'autre part si est grand devant
, la variation
temporelle de
dans
s'écrit:
d'où:
On retrouve les relations de saut d'Hugoniot:
qui relie la vitesse de propagation de la perturbation à l'état
de part et d'autre de la perturbation
et
. Cette vitesse de propagation
n'est
donc pas quelconque. En effectuant une analyse de perturbation au
premier ordre, i.e. en développant
au premier ordre au voisinage de
:
ce qui fournit la relation de saut pour une petite perturbation
Clairement cette relation montre que le saut
doit être proportionnel à un vecteur propre
de
, et que la vitesse de propagation
est la valeur
propre
de
associée. Les valeurs possibles
de
sont donc
.
Les relations de saut d'Hugoniot (5.5) s'écrivent:
Ces relations traduisent le bilan de la masse, la quantité de mouvement
et de l'énergie dans un repère lié au choc, i.e. se déplaçant à la
vitesse de propagation de la perturbation. Pour
, on retrouve
les équations du choc droit stationnaire, qui correspond à la valeur
propre
(i.e. une vitesse sonique dans le choc).
Il existe 3 types de discontinuité possible dans ce système d'équations d'Euler